INDUSTRIE AUTOMOBILE : LES CONSTRUCTEURS REDOUTENT LES DÉLAIS FIXÉS PAR LE GOUVERNEMENT

Le niveau du taux d’intégration imposé par le gouvernement aux constructeurs risque de buter un facteur majeur : le temps. En effet, le cahier des charges du 28 novembre 2017 qui avait pris effet au début du mois de décembre de la même année oblige les usines de montage de véhicules sans exclusive à atteindre un taux d’intégration minimal de 15% au terme de la troisième année d’activité, à compter de la publication du cahier des charges, et de 40% à 60% au terme de la cinquième année d’activité. Seules les sociétés qui venaient de démarrer leurs activités bénéficieraient d’un délai d’un an supplémentaire, et ce, afin de se conformer aux dispositions du décret du ministère de l’Industrie et des Mines.
À la croisée des chemins, cette industrie naissante connaîtra, sans doute, mais à long terme, un certain essor. Mais pas dans l’immédiat, c’est-à-dire sur 3 à 5 ans. Pour cause, les partenaires étrangers, pressés par le gouvernement, commencent à prospecter le marché de la sous-traitance.
À ce jour, ces équipementiers n’ont guère rendu public le moindre résultat sur cette “recherche désespérée” des opérateurs avec qui ils pourraient nouer des partenariats dans les domaines de la mécanique ou encore de la peinture, la tôlerie, de l’électronique…
Non pas parce qu’il n’existe pas de sous-traitants en Algérie. Ces derniers éparpillés et jamais répertoriés risquent d’être écartés à cause d’un sésame exigé par l’industrie mondiale : la certification.
Coincés par la règle 49/51, les équipementiers qui devront accompagner les usines en Algérie n’ont d’autre choix que de s’engager aux côtés de leurs constructeurs respectifs. La complexité de la chose voudrait que les sous-traitants nationaux obéissent aux standards internationaux en matière d’homologation et de certification. Le voisin de l’Ouest est passé par cette étape ô combien coûteuse. En effet, le Maroc payait chèrement l’homologation des pièces envoyées depuis les écosystèmes du pays vers l’Europe.
Du reste, les équipementiers, une fois le partenaire algérien “déniché” et ou “choisi”, devront attendre au moins six à dix mois pour pouvoir signer les contrats. Durant cette période, un canevas de textes d’engagements devra faire foi de l’engagement des deux parties, que ce soit en termes de financements que sur les risques qui pourraient survenir, sachant que l’industrie automobile est extrêmement sensible. Le délai de rigueur passé, les deux partenaires doivent, enfin, s’installer.
Cela supposerait la création d’un écosystème foncièrement viable autour duquel ils devront déployer une lourde logistique pour recevoir le projet et prendre en charge les équipes, la formation, le rodage des unités de production.
Ce délai de rigueur, ajouté à celui de la prospection et de la signature du contrat, pourrait atteindre 24 mois au minimum. Résultat : nous voilà en 2020 et les délais fixés par le gouvernement sont en voie d’expiration ! C’est le cas également des 14 conventions signées les 5 et le 6 mars dernier lors des premières journées techniques de sous-traitance véhicules (JTSV-Algeria). Il est vrai que les partenaires engagés durant cet évènement apporteraient une touche algérienne à cette industrie, jusqu’ici confinée dans le DKD et le SKD.
Mais, au vu du nombre de références qui composent une véhicule, la concrétisation de ces conventions risque, elle aussi, de s’éterniser. Entre-temps, les besoins en moyens de locomotion augmentent, la disponibilité s’amoindrit et la spéculation prend le relais sur un marché qui nécessite plus que jamais une réorganisation et une législation ferme. Car ce ne serait certainement pas la publication des prix sortie d’usine qui mettra fin à cette situation kafkaïenne à laquelle fait face le consommateur algérien.

Source : Quotidien Liberte-Algérie